Emploi Repenser les ressources humaines

«La gestion des ressources humaines est un sujet stratégique et de différenciation majeure entre les entreprises », martèle Alain Baraton, formateur-consultant. En jeu, également, l'attractivité du secteur agricole qui se trouve confronté à la concurrence des autres secteurs économiques telles les banques et les assurances, dans le recrutement de compétences pointues et de cadres. Les rapprochements et fusions aidant, la gestion des ressources humaines se retrouve de plus en plus au centre des préoccupations des entreprises.

Redéployer la fonction RH

Comme le souligne Hélène Dézie, DRH de Holdis-Agridis, réseau national de négoces agricoles : « Il y a une vraie prise de conscience chez nos négociants de la nécessité de professionnaliser leur approche en ressources humaines. Ils arrivent à un stade où ils ont besoin de renouveler les effectifs, les métiers… Aussi, l'accompagnement va devenir de plus en plus crucial. Nos interventions restent à ce jour ponctuelles et portent surtout sur une aide au recrutement (annonces, contrats de travail, entretiens). » La fonction RH prend une nouvelle dimension. Arterris l'a même fait certifier (p.27) pour donner de la cohérence après la fusion de ses trois coops d'origine. Vivescia (ex-Champagne céréales-Nouricia, 8 000 salariés) a nommé un DRH groupe qui pourra gérer les effectifs dans leur globalité, faire valoir la mobilité en interne et favoriser l'employabilité des salariés. Acolyance (Cohesis-Axion) redéploie sa fonction RH pour l'adapter à son évolution stratégique.

Améliorer l'attractivité du secteur

On voit poindre une nouvelle approche marketing pour améliorer l'attractivité du secteur. Comme le rappelle Claude Emery du groupe breton Triskalia : « Il faut être crédible sur son offre, l'accompagnement des salariés… Toute une communication est à renforcer à travers la politique de stage, d'apprentissage. »

Aussi, définir les compétences d'aujourd'hui et anticiper celles de demain sont le leitmotiv de tous les DRH. La GPEC (gestion prévisionnelle des emplois et des compétences) est remise à l'ordre du jour avec les entretiens individuels et les réflexions stratégiques des responsables, afin de cibler les talents nécessaires dans les trois à cinq ans. Terres du Sud est en pleine analyse avec un plan d'adaptation conduit par son nouveau responsable développement. Le négoce Anjou Maine céréales s'étoffe d'une fonction marketing (p. 29). Chez Vivescia, la fusion est l'occasion de réaffecter des postes sur de nouvelles missions ou encore de créer des fonctions, comme celle de directeur de projet (p. 28). La vague de l'environnemental et du durable influence les métiers comme chez Terrena et son équipe dédiée à l'AEI. Le négoce est aussi dans cette mouvance. La FNA accueille en interne, depuis janvier, un responsable environnement. La montée en puissance de ces thématiques peut jouer sur le recrutement de la génération Y (p. 26). « Les candidats ont toujours une oreille attentive lors de l'entretien, quand nous leur parlons de notre démarche Iso 26000 », précise Bernard Perna, DRH de Maïsadour. De leur côté, les observatoires des métiers de la coopération et du négoce agricole sont en pleine prospective, dans un contexte où la pyramide des âges se révèle être un point sensible. En collecte-appro, la coopération enregistre 35 % de plus de 50 ans. Aussi, pépinières et tutorat prennent de l'ampleur pour inverser la tendance. Les travaux paritaires menés entre 2009 et 2011 pour le négoce vont être publiés cet été. Une liste de « facteurs » affectant les métiers a été identifiée, afin de mesurer leur impact sur les futurs emplois. Quant à la coopération, ce vaste chantier aboutira fin 2012.

DOSSIER RÉALISÉ PAR HÉLÈNE LAURANDEL